dimanche 9 août 2015

Note de Lecture..


 Blogger ne proposant aucune option de publication intéressante, je suis obligé de modifier les dates de publication des articles afin de les mettre en forme, de façon à ce qu'ils soient visibles dans la continuité réelle de l'histoire, ainsi les dates de publication, ne sont en aucun cas les véritables. Les articles seront donc rangés du tout premier écrit (le début) en continuant vers les suivants (la fin).. Voilà tout ! Bonne lecture..

samedi 27 juin 2015

Chapitre I : Les salles de l'oubli (Partie I)


Le son d'une cloche retentit dans l'enceinte de l'école. La mélodie cristalline résonna plusieurs minutes, se répercutant sur chacun des murs en pierres taillées qui constituaient les bâtiments même de l'école.
 Un vent chaud s'engouffrait par la fenêtre de la classe. Tous les élèves étaient attentifs aux mots prononcés par notre enseignant. Cependant mes pensées, elles, se perdaient; dans le ciel bleu teinté de quelques taches blanchâtres et duveteuses, dans les rayons de soleil qui venaient éclairer les murs blancs de l'enceinte. Mon regard revenait dans la salle. Je scrutais les épaules et les chevelures des personnes assises devant moi.
  Mon regard s'arrêtait une fois de plus sur Elle. Sur son silence. Sur son visage dénué d'une quelconque ride qui aurait pu annoncer un sourire. Meringue. C'était Elle. En y réfléchissant maintenant, son surnom pouvait être facilement explicable. Plus jeune. Son visage rayonnait d'un sourire formidable, un faciès toujours joyeux, plein de douceur, sucré comme une meringue. Tous les jeunes garçons désiraient qu'elle puisse être leur amoureuse. Tous.
 Mais un jour... Son visage se voila, ce sourire sucré disparut. Du jour au lendemain. Elle redevint Eleanore. La petite Meringue fut à jamais perdue. Cette chaleur devint glace...
" Tu ne peux absolument pas t'empêcher de reluquer Meringue, toi." Me chuchota une voix féminine
derrière moi. A ce moment-là, je ne sus pas si Elle avait entendu. Mais elle inclina la tête en ma direction. Ses longs cheveux de flammes ondulèrent dans l'air le temps d'un instant. Nos regards se croisèrent.
Puis elle replongea son visage vers sa table...

Que dire de plus. Je la cherchais dans ma mémoire, je me sentais nostalgique en repensant à ce sourire perdu. Les souvenirs me hantant, de ces années passées. Je divaguais dans mes pensées. Les minutes s'écoulaient. Lentement, comme d'habitude.

Comme si cette salle de classe était un abîme temporel, dans lequel je ne pouvais rien faire d'autre que de me perdre dans mes songes. Parfois je les écrivais, les gribouillais, les dessinais, comme si je m'en débarrassais, pour ne pas que cette nuée m'encombre. 

Depuis toujours, je suis spectateur. Spectateur d'un théâtre d'humeurs, de dialogues, où toutes les personnes m'entourant sont les acteurs de cette pièce mal jouée.
Je regarde les autres agir, silencieusement, terré sous mon incapacité à rompre cette glace me séparant des autres. Une glace que j'ai subi, puis que j'ai finalement entretenu.
Je suis l'élève presque muet qui comble un vide, qui s'assied toujours à la même place, seul. Une coquille vide, faisant physiquement acte de présence, mais n'ayant que l'enveloppe de vraiment présente. Mon esprit erre, parfois il se manifeste, par quelques gouttes d'encre, quelques coups de crayon de papier, un soupir.

Mes yeux stoppent leurs aller-retours dans le vide et finalement, mon regard se re-pose sur Meringue.
 D'une main elle soupèse sa tête, de l'autre elle gribouille surement un coin de son cahier, elle aussi ayant son attention à toute autre chose que le cours en lui-même. Son visage est amorphe, livide.. 
  Je n'arrive plus à l'imaginer souriante. Je vois ce qu'est un sourire. Et je la vois telle qu'elle est. Mais le mélange des deux est surement un résultat désormais impensable, inatteignable.

On m'interpelle.

 "Tu es avec nous Ernis ? Ou es-tu encore entrain de rêvasser ?"
 Tout le monde se retourne vers moi, un ricanement moqueur général débute. Il illustre bien la réaction-type de ces animaux, qui sont censés être mes « camarades ».

Oui Ernis le rêveur, c'est moi. Enfermé entre quatre murs. Écroué moralement parmi tous ces abrutis. Je ne pense pas être assujetti à une quelconque haine de la part de qui que ce soit, cependant, je sais très bien que je suis un sujet de moquerie récurrent pour les autres. Mais qu'importe. Ils ne sont rien d'autre que des pots de fleur un peu bruyants. Des décorations néfastes, évoluant par petits groupes, ayant leurs leaders, leurs conversations, leurs crises d'hypocrisie.
 Aucune personne de la classe ne m'est proche ou familière. Ils ne m'apportent rien, de toute évidence.

J'essaie tant bien que mal de rattraper le fil du cours, je bâcle ma prise de notes, je ne sais même pas de quoi parlons-nous actuellement.

 Et cela représente mon ressenti de tous les jours. Je suis un engrenage -inutile, certes- faisant partie d'une machine géante. Cependant. Bien que présent parmi tous les autres rouages de cette machine-vie, le moteur fonctionne sans moi, il ne passe pas par moi. La vie n'a pas besoin de moi.

 Je resterais un éternel étranger..
 .. Quoi que je fasse. 


vendredi 26 juin 2015

Chapitre I : Les salles de l'oubli (Partie II)



Quelques heures ont passé, enfin "l'alarme de sortie de prison" retentit. 
 Malgré mon envie de déguerpir au plus vite de cette chaise inconfortable, je reste lent à ranger méticuleusement mes affaires. Sans être intéressé, cela effleure quand même ma conscience. Bref. Être maniaque pour quelque chose d'inutile. Félicitations.
 Tous les autres ont fui, dans un vacarme de raclements de chaises ignoble. Un vrai troupeau d'animaux, cela justifie totalement mes précédents dires. Leur humanité a dû s'envoler je ne sais où et cela je ne sais quand. Cependant. Ils n'ont plus rien d'humain. Une grimace m'échappe. Et je sens que l'on me regarde. Je relève la tête. 

 Son regard venait de percuter le mien. Je sentais ses grands yeux vert-émeraude me scruter, installant une gêne terrible en moi. Je peinais à soutenir l'impact de son visage, à supporter le poids de ce silence. Trois mètres séparaient nos deux bureaux, mais quand bien même nous n'étions pas collés, je sentais que l'atmosphère avait totalement changé, s'étant totalement alourdie.

  Nous étions figés, moi encore assis sur ma chaise, elle debout à côté de son bureau. Elle souleva son sac. Et partit sans rien dire. Ce formidable "échange" avait sûrement déjà trop duré. Je soupirais, terminant le rangement de mon sac, me levais puis me dirigeais vers la sortie.

Qu'était devenue, la souriante Meringue. Un monstre de glace l'aurait-elle dévorée de l'intérieur ? Ce n'est pas mon habitude de mélanger symbolique et irréel. Mais pour le coup, je ne sais pas comment interpréter ce changement.
 Un regard vide. Rongé par une expression livide. Ton existence n'était pas si insipide. Tu comptais pour quelques âmes... Au moins la mienne. 

  J'aimerais juste découvrir la raison de ce changement radical d'humeur, de façon d'être. Moi qui me languissait rapidement en terme d'attention, Elle, semblait encore être capable d'attiser une curiosité maladive en moi; j'avais besoin de savoir, de comprendre..

  Et encore, quand je parle de besoin, je ne songe même pas au "Besoin" rhétorique, qui veut que lorsque quelque chose nous interpelle, nous cherchons (dans le cas où il s'agirait d'un fait, d'une réaction ou d'une chose inconnue) à en conclure par une explication cohérente, définissant une raison pour que cela nous interpelle.. Mais ce n'est même pas cela.
Dans mon cas. Meringue n'a rien d'un fait ou d'une chose qui m'interpelle. J'explique cette curiosité par un phénomène d'évolution radicale, ayant lieu dans mon environnement.
 C'est comme si vous habitiez près d'une immense forêt et que du jour au lendemain, elle était rasée. Cela créerait un choc, ce choc vous amènerait à un questionnement. D'où ma curiosité quant à Meringue. J'ai constaté un choc...  Et cela m'interpelle, finalement.

Tandis que je sortais, une voix parvenait à ma conscience.
« C'est à cause d'Elle, que tu rêvasses tout le temps ? », cette voix n'était autre que celle de ma professeure, qui encore une fois, venait de me tirer hors de mes songes, pour la deuxième fois de la journée, elle allait vraiment finir par croire que j'étais tout le temps « absent ».
« Même là tu recommences, aurais-tu des soucis de concentration quelconque ?
- Je ne pense pas, non. Lui rétorquai-je.
-Tu sais Ernis, à force de ne jamais parler, si c'est de l'attention que tu cherches, jamais tu ne pourras la trouver. Me lâcha-t-elle. »

   Quoi ? De l'attention ? Ne jamais parler ? En quoi cela est-ce nocif ? En quoi ai-je besoin des autres, lorsque je sais qu'ils ne m'apportent rien. Et je n'ai jamais cherché de l'attention. Qu'est ce que c'est que cette prof qui cherche à s'immiscer dans ma façon de vivre ?

« Là, n'est pas la question, c'était tout ? Je ne cherche pas d'attention. Je suis bien comme je suis.
-Comme tu voudras. Malgré tout, cela ne t'excuse pas d'être distrait en cours. Tu auras donc une heure de retenue dans la semaine. D'ailleurs, as-tu trouvé quelqu'un pour le projet social et moral de fin d'année ? »

           Une heure de retenue pour être distrait ? Parfois je me demande si c'est bien normal de vivre dans un monde aussi insensé. Mais passons, ce genre de « subtilité » fait partie de la vie de tous les jours, de toute manière, je n'étais vraiment pas intéressé par le cours, et, si c'est en réalité ça le vrai motif de la punition, alors certes, je suis coupable. Cependant, le projet en binôme vient sinistrement de me retomber dessus.
J'oublie tout, enfin, j'oublie souvent toutes les choses qui me paraissent inutiles ou alors juste dénuées d'un quelconque sens pour moi. Ce projet en binôme en fait totalement partie.

            Et parfois je me demande si je peux qualifier ma mémoire de sélective mais, il ne s'agit pas de cela. Sinon j'aurais sûrement tout oublié quant à l'histoire de Meringue. Quant à ma propre histoire, surtout. Pourquoi rester bloqué sur des ressentis négatifs ? Je n'ai jamais compris ce qui les retenait dans ma mémoire. Hormis si bien sûr il s'agissait d'un acte inconscient du cerveau, qui serait de conserver des morceaux négatifs d'un puzzle mémoriel, des éléments en trop, qui nous perdraient durant les moments où nous tenterions de nous reconstruire.

            Je divague encore, loin, trop loin de la « réalité » qui m'entoure. J'hoche la tête comme pour signifier à ma professeure que j'ai compris ce dont elle me parlait. Le signe le moins expressif qui puisse exister, mais qui permettait de clore aisément n'importe quelle brimade. Je passais mon sac à l'épaule. Et empruntais moi aussi la direction de la sortie. 
    « Eleanore aussi est toute seule pour le moment, pour le projet. » Conclut-elle, d'une voix calme. Calme, juste calme ? 

Quoi ? Cette remarque m'interrompait net. Je venais de déplier ma lourde carapace morale. Je ne savais pas si j'avais été surpris entrain de l'observer, ou si cette remarque était le résultat d'un pur concours de circonstance et de hasard. Que soupçonnait-elle en sachant cela ? Que constatait-elle ? J'ai été imprudent, distrait. Et c'est au final peut-être un motif valable de punition. Je suis dépité. Je viens de glisser, glisser du bord de cette falaise de certitude artificielle sur laquelle je m'étais posté.


Peut-être suis-je un éternel étranger...
 … Car je suis aussi un étranger face à moi-même.

jeudi 25 juin 2015

Chapitre I : Les salles de l'oubli (Partie III)

   Le vent frais de ce début de soirée venait caresser mes cheveux, il s'engouffrait çà et là, venant déclencher un frisson dorsal alors qu'il me rafraîchissait juste le visage. Je marchais lentement en quittant ce lieu vide de couleurs et dénué d'une quelconque forme de beauté. Je fermais souvent les yeux quand je marchais pour rentrer des cours, après tout, un chemin emprunté deux fois par jour, et cela pendant plusieurs centaines de jours si l'on compte tous les jours de cours de toutes les années cumulées... Nous arrivons à un chiffre immense d'aller-retours, et donc à une connaissance avancée de l'itinéraire en question.
 Mais qu'importe. J'aimais fermer les yeux car cela me permettait de faire abstraction de tous les détails nocifs qui peuvent apparaître à la vue.. Et cela représente de façon majoritaire tout ce que nous analysons tous les jours.
  Pourquoi ? Car tant que nous ne voyons pas, notre attention n'est pas requise de façon immédiate sur une chose. Ainsi l'expression "fermer les yeux sur..." prendrait tout son sens. Lorsque nous fermons les yeux à propos de quoi que ce soit, c'est comme si nous n'avions pas vu, pas analysé, pas jugé ; ce quelque chose n'a jamais fait partie de notre champs de vision, ni de notre connaissance.

 Et c'est donc pour cela que lorsque je ferme les yeux. Je peux me repérer à certains éléments cruciaux.. L'odeur et les vibrations qui émanent de la route où circulent les voitures. Le doux parfum émanant de fleurs mal disposées par de faux amateurs de jardinage. Les sorties d'air de bouches d'égout dont la puanteur ne doit même pas égaler l'état ignoble de ces souterrains putrides. Des voix aussi inintelligibles que stupides et les conversations qu'elles animent. Le monde est moche. Puant. Irrespirable. Je me dois de fermer les yeux. Ce n'est peut-être pas une question de survie, mais je suis convaincue que sans ça, je n'aurais jamais pu remettre les pieds dans la "réalité". Puis quand bien même je sais que cette attitude tient d'une forme de lâcheté, je préfère être lâche que de devoir tous les jours, me poser sans cesse les mêmes interrogations visant les gens qui m'entourent, leurs actes, leurs paroles, leurs manies, leurs jugements...

Peut-être, que, si je fais abstraction de ce qui m'entoure, alors ce qui m'entoure fera abstraction à propos de tout ce qui me concerne. Je n'aurais plus à me sentir prisonnière de ce que j'étais dans le passé. Je souhaite juste tout recommencer, je veux revivre, comme si j'étais quelqu'un de « nouveau ». Je ne veux plus avoir à affronter tous ces regards déçus, dans lesquels je me revois plus jeune.. Ces années couleur carmin, durant lesquelles nous nous tenions tous par la main, ces années aux odeurs sucrées où tout semblait aller si bien pour tout le monde, ces années au goût âpre que j'étais la seule à ressentir ainsi, ces années sourdes, où personne n'a su m'écouter, ces années aussi rugueuses que du papier de verre, qui m'ont rongée l'esprit petit à petit...

Cependant, je suis consciente qu'un paradoxe insidieux m'habite. Je le sais. Quand bien même j'arrive parfois à ne pas tenir compte de tout ce qui m'entoure, je ressens toujours le poids des regards me scrutant, je me sens toujours en proie au jugement d'autrui. J'entends les interrogations muettes que me murmurent les coups d’œil discrets de mon environnement si fade. Peut-être suis-je paranoïaque, peut-être ai-je développé une névrose maladive..

L'astre du jour avait bientôt terminé son cycle quotidien, les quelques faibles rayons qu'il véhiculait encore, venaient de disparaître derrière les toits de la ville, et la nue venait de revêtir sa robe ocre et magenta. La ville s'illuminait lentement, l'agitation s'apaisait et parfois, je pouvais même, avec l'aide d'un feu rouge, constater un quasi-silence, une demie-mesure de temps durant laquelle, les voitures ne font plus que ronronner, une demie-mesure de temps où les klaxons ne troubleront pas ma marche. J'arrivais bientôt chez moi, une vingtaine de minutes me sépare de la maison « familiale », vingt minutes où j'essaye de souffler le plus possible, comme s'il s'agissait d'une préparation à une séance d'apnée. Là, ma paix intérieure serait mise à mal, encore une fois, cependant, je ne peux faire autrement... Malheureusement.

Là se dressent, finalement, les quelques murs qui m'enferment inconditionnellement, une haie de plantes à fleurs malodorantes, une maison bien trop grande pour le vide qu'elle contient. Le blanc lui va si bien, la couleur du néant, l'effet « neuf » appuie encore plus le côté non-investi de ces lieux. Une maison semblable à toutes celles qui l'entourent, le choix de vivre dans un sorte de « banlieue » pavillonnaire, cela ressemblait bien à mes parents, ne jamais trop s'avancer sur les sentiers de l'originalité, ne jamais chercher la différence, toujours se mêler aux autres dans la médiocrité. Le réconfort d'être « pareil » que le voisin, les soirées quartier, les visites surprises pour ne parler de rien, toute cette poudre aux yeux me rend furieuse, furieuse car tous ces gens sont faux, sans identité et que d'autant plus, ils sont bien trop près de moi.

Je gravissais les marches du seuil, j’insérais les clefs dans la serrure de la porte, inspirais une dernière fois, me préparais mentalement. J'actionne au plus silencieusement possible la poignée, mais, comme à son habitude, le gond grince, ruinant ma discrétion -je jure intérieurement (comme à mon habitude)-..

« Ely' ! Tout s'est bien passé aujourd'hui ? »
Question type parentale, n'obligeant à aucune prise de risque, ni même d'investissement de sa part. Comme à son habitude.
«  Oui, merci. »
Réponse type de ma part, le minimum syndical de politesse, rompant immédiatement, un échange qui se voulait inintéressant dès la première syllabe prononcée. Comme à mon habitude.
« Tout s'est bien passé aujourd'hui ? »... La question se veut directement orientée sur du positif. Comment aller en prison tous les jours pourrait être positif ? Comment être forcée à supporter un cadre si limitant pourrait être positif ?...
Et quand bien même la question initiale se voudrait inappropriée, ma réponse ne lui importe pas, elle continue ses activités, n'acquiesce pas, ne réfute pas, ne répond pas. C'est bien ainsi. J'abandonne en deux gestes mes chaussures au pied de l'escalier conduisant à l'étage supérieur. Je me dépêche de gravir les marches, passant la tête baissée devant les photos « de la famille » et autres bibelots inutiles, mais nécessaires pour « afficher » ceux qui nous entourent, la capture d'un instant calculé, temporisé, où tout le monde sourit, de façon forcée, mais tout le monde sourit, c'est bien, c'est l'essentiel. L'escalier débouche sur un couloir partant symétriquement de chaque coté, j'emprunte le chemin de ma chambre. Je m'y glisse, je m'affale sur mon lit. Retire nonchalamment mes vêtements, m'enfouis sous ma couverture. J’attrape mon téléphone, regarde l'heure, 18h57, je vais consulter mes mails, un se veut être de l'école. Je l'ouvre. Un avis de réception s'affiche, cela doit être important.

« De : Andréa DILIDON (ma professeur principale)
A : Eleanore LESTARG ; Ernis MOLTERMIN (les mauvaises nouvelles s'annoncent je le sens)

Bonsoir à vous, (oui, il s'agit là d'une bien mauvaise nouvelle)
N'ayant vu vos noms dans aucun des binômes -obligatoires- formés pour l'exposé trimestriel sur le civisme, et étant donné que vous vous retrouvez tous les deux dans cette situation, je vous ai donc inscrit ensemble. La date butoir du projet se rapprochant jour après jour, et me doutant que vous n'avez rien commencé, je vous conseille de vous investir rapidement sur l'exposé, tout en vous rappelant qu'il s'agit d'un devoir important, et qu'il comptera dans vos résultats finaux de l'année avec un coefficient tout aussi important qu'il l'est.
Merci à vous, et bon courage.
Mme DILIDON. 
»

Incroyable, impossible, inconcevable. Je m'en doutais.
Ernis ? Travailler avec lui ? Rien que de repenser à la fin du cours, cela me met à l'aise. Il est froid, ne parle jamais, est-ce là une épreuve, un canular de notre professeur ? Et de quel droit sommes-nous... Non, suis-je tenue d'effectuer cela ?

Cette journée doit se finir.
Demain sera peut-être meilleur, je l'espère.

Pourquoi est-ce que je me sens si mal à l'aise...
… Pourquoi la vie me donne-t-elle l'impression, qu'elle s'acharne sur moi ?